Le phare
J'ai gardé de mes origines bretonnes cette attirance pour la lande, les phares qui éclairent la route des bateaux, les paysages balayés par les vents, la solitude que l'on ressent en bordure de mer, la difficulté à dire.
J'ai retrouvé tout cela dans le joli livre de Claudie Gallay : Les déferlantes.
Cela commence de façon assez anodine, même si c'est la tempête, on comprend qu'il s'agit d'un de ces endroits reculés où vont se réfugier ceux qui ont tout perdu, mais on est aussi dans un temps immuable, qui n'a ni commencement ni fin.
Et puis l'histoire se tisse, se tricote, se brode et on comprend que ce pays cache aussi derrière son phare bien des secrets qui ne transparaissent qu'à travers de vieilles rancunes.
Chaque personnage existe et mène sa vie comme il peut dans ce monde perdu : je garde le souvenir de Raphaël, le sculpteur, dont le travail totalement inspiré fait écho aux histoires des autres, de Théo le vieux fou, qui n'a plus que ses chats mais dont la vie fut faite de tant de mauvais choix et de Max, qui brode des phrases en attendant que Morgane le regarde.
Bien d'autres encore, tous attachants, vivent ici, autour de la narratrice, qui compte les oiseaux du littoral, en essayant d'oublier son homme disparu et de réapprendre à vivre.
La violence des éléments et de la vie dans ce bout de terre perdu face à la mer aide à imaginer la violence des vies.
Et cet apaisement trouvé à la fin à la grande Chartreuse près de Grenoble est plein de résonance pour moi : de la violence à la contemplation, il n'y a qu'un chemin, celui de l'acceptation.
Pas un grand livre, mais un livre qui laisse toute une atmosphère autour de vous, j'en suis sortie un peu sonnée, je serais bien restée encore un peu avec eux...