Train de nuit pour Lisbonne

Publié le par fanfan


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Livre de poche, de Pascal Mercier, écrivain suisse qui vit en Allemagne, avec un nom qui sonne étrangement français, philosophe, il n'en faut pas plus pour être intriguée.
Il avait sur la couverture un petit bandeau rouge marqué : Révélation !.
Je l'ai donc pris en main. J'ai compris qu'il s'agissait d'un homme qui quittait tout après voir trouvé un livre, et il y avait une phrase qui m'intriguait :
"S'il est vrai que nous ne pouvons vivre qu'une seule partie de ce qui est en nous, qu'advient-il du reste ?".
Je suis repartie avec le livre...


Etonnante histoire d'un homme on ne peut plus prévisible, dont la passion est de lire des textes anciens, qui en est le spécialiste, amoureux des mots grecs, latins, perses et hébraïques, mais qui semble avoir peur de tout ce qui peut ressembler à l'imprévu, il s'appelle Gregorius.
Avec le livre, et les premières pages qui résonnent si fortement en lui, et encore plus la vieille photo de l'auteur, il se sent comme happé, c'est le déclic pour changer, aller au devant, chercher cet homme, le découvrir, pour se découvrir lui-même. Nous découvrirons avec lui un homme flamboyant, qui ne laissait personne indifférent, entier, plein de fureur contenue, amoureux des mots . Surtout un homme avec des idées qu'on verra évoluer au cours des découvertes de Gregorius.
Il part pour Lisbonne, laissant là sa vie bien calme en Suisse, à la recherche d'Amadeu de Prado, sans même pouvoir lire le livre écrit en portugais; et tout en se demandant ce qu'il fait, il avance dans ses recherches, comme soutenu par quelque force mystérieuse.
Nous découvrons Amadeu, mais petit à petit, c'est Gregorius qui commence à naître, très humain, très vivant et au fur et à mesure qu'il descend dans l'âme d'Amadeu, la sienne semble prendre consistance.

On est tout au long porté par les écrits de Prado, ils expliquent, ils donnent le sens :
"Noblesse silencieuse.
C'est une erreur de croire que les moments décisifs d'une vie, lors desquels sa direction habituelle change pour toujours, devraient être bruyamment et crûment dramatiques, sur fond de violents bouillonnements intérieurs. C'est là une légende kitsch, que des journalistes avinés, des cinéastes intoxiqués de flashes et des écrivains qui ont dans le cerveau une gazette de boulevard ont lancée dans le monde. En vérité, le drame d'une expérience qui détermine la vie est souvent d'une incroyable douceur. Elle est si peu apparentée à la détonation, au jet de flamme ou à l'éruption volcanique, cette expérience, qu'à l'instant où elle est vécue, elle passe souvent inaperçue. Quand elle déploie son effet révolutionnaire et  fait en sorte qu'une vie soit plongée dans une toute nouvelle lumière et reçoive une toute nouvelle mélodie, elle procède sans bruit, et dans cette merveilleuse absence de bruit réside sa noblesse particulière."


Rassurez-vous, il n'y a pas de mise en abîme suite à la lecture de ce livre et je n'ai pas décidé brusquement de changer de vie, mais j'ai passé un bon moment, fait à la fois de violence et d'apaisement, du volcan prêt à imploser et de la rivière qui continue de couler dans son lit, quoi qu'il advienne.

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