Le printemps disparu

Publié le par fanfan

Le printemps disparu


Une année, le printemps n'est pas revenu.

C'est un peu exagéré de dire ça, mais il faut reconnaître que ça nous a fait tout drôle.

Ce furent d'abord les Etats-Unis qui furent touchés.

Au début, ils n'en n'ont pas trop parlé mais ça a fini par se savoir : les bourgeons sur les arbres s'étiolaient, les blés ne poussaient pas, les fleurs ne sortaient plus de terre.

Ils se sont inquiétés, forcément.

Là-bas, ils ont cru que c'était un coup d'Al-Qaïda : ils avaient dû répandre un herbicide puissant qui détruisait toutes les plantes.Mais ils ne trouvaient aucune preuve. Une impressionnante armée de scientifiques s'est mise sur le coup.

Il faut dire que l'affaire était grave : si les plantes mouraient, c'est l'humanité qui était en danger.

Les croyants se sont dit : c'est une punition de Dieu, mais pourquoi nous ? Les Américains sont toujours sûrs que ce qu'ils font est ce qu'il y a de mieux pour l'humanité.

Le reste du monde les a d'abord regardés se poser des questions avec l'idée que c'était peut-être bien fait pour eux, ils étaient toujours tellement sûrs d'eux-mêmes !

Les alter-mondialistes s'en sont donné à coeur joie : c'était la faute des OGM et des multi-nationales de l'agro-alimentaire.

En attendant, les Chinois vendaient leurs céréales aux Américains et en profitaient.

Et puis, le mal s'est étendu : à la Chine d'abord, l'année suivante, puis à l'Europe, avec moins d'impacts quand-même. On sentait que cette « maladie » se répandait et on ne voyait pas comment l'arrêter. Tous les scientifiques de la planète étaient sur les dents, on avait un peu laissé tomber l'idée d'un complot terroriste et on s'orientait vers une maladie inconnue.

Ensuite, les animaux ont commencé à mourir. Normal, ils n'avaient plus rien à manger. L'humanité essayait de faire face : faute de trouver la maladie des plantes, on mangeait des algues, qui n'étaient pas contaminées.

Petit à petit, le mal s'étendait et on ne voyait pas d'espoir à l'horizon. On commençait à imaginer la fin de l'humanité et les conflits se multipliaient pour avoir la main-mise sur les endroits non encore touchés. On redécouvrit l'Afrique, mais c'était pour mieux la dépouiller.

Et puis un jour, trois ans après le début de la crise, on annonça aux actualités que des plantes avaient repoussé au Mexique, dans un endroit désertique.

Il existait donc un espoir ?

On dut mettre la région en quarantaine pour vérifier le phénomène mais aussi pour protéger le petit village près duquel les plantes étaient reparties.

Les équipes de scientifiques se relayaient et ne comprenaient pas ce qui se passait.

Et pourtant, petit à petit, toutes les plantes repoussaient autour du village.

Un jour, un de ces hommes qui venaient étudier le phénomène eut l'idée d'interroger les enfants qui venaient le voir, curieux de ce qu'il faisait.

Il leur a demandé s'ils avaient une idée de ce qui aidait les plantes à repousser.

Un petit garçon s'est approché et lui a dit : « moi, je crois que ce sont les pucerons ».

Le scientifique n'y a pas accordé d'importance.

Et puis en observant les plantes du village, les jours suivants, il s'est aperçu qu'elles avaient toutes des pucerons. Il s'est souvenu de la remarque du petit garçon et il est retourné l'interroger.

_ Selon toi, que font les pucerons à ces plantes ?

_ Je ne sais pas, a répondu le garçon, mais ce sont des pucerons qui se sont échappés de mon jardin et depuis, les plantes repoussent.

_ Tu as donc un jardin ? Les plantes doivent être mortes dans ton jardin ?

_ Non, les miennes ne sont pas mortes, grâce à mes pucerons.

Surpris, le scientifique ne put que constater que le jardin bien caché du petit garçon était en effet très beau et ne semblait pas atteint par la maladie.


Branle-bas de combat : il y eut analyse des pucerons, essais concluants de repousse par apport de pucerons sur d'autres parcelles puis élevage intensif de cette espèce de puceron qui devait sauver la terre.

Les recherches montrèrent que cette espèce de puceron, en piquant la plante, lui inoculait une substance fabriquée par un de ses gènes et lui redonnait vie.

On n'a pas encore trouvé d'où était venue la maladie. Chacun resta sur ses théories et n'en démordit pas. Les jardiniers ne regardèrent plus les pucerons du même oeil qu'avant. Ils avaient pour ceux-ci un grand respect et cela nuisit grandement aux coccinelles, qui comme chacun le sait, se nourrissent de pucerons ...

Quant au petit garçon, il fut fêté pendant quelque temps, il expliqua et expliqua encore qu'il avait élevé ses pucerons depuis 5 ans parce que c'étaient les seuls animaux qui pouvaient vivre dans son jardin du désert, et puis on se lassa de cette histoire puisque tout était rentré dans l'ordre, et il put continuer à faire pousser son jardin. Pour changer, il décida d'élever des puces, il y avait beaucoup de souris dans son village...


Publié dans histoire fiction

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