Le voyage du poisson

Publié le par fanfan

Le voyage du poisson


Je longe le torrent et cette eau qui avance avec force en permanence, ça m'attire...

Etre au milieu de ce tourbillon, me laisser emporter, c'est tentant comme le vertige au bord du précipice ! Tout à coup, plouf !

    Je me glisse dans la rivière et je deviens poisson : mon corps se fait         long et ondule, je glisse entre les eaux comme une loutre.


 



Que de choses à découvrir au milieu des tourbillons : la première impression, c'est la joie de me glisser ainsi aussi facilement au milieu de cet élément liquide.

Je ne vois pas le temps passer : les eaux sont de plus en plus profondes, la rivière s'élargit de plus en plus, je vais très vite.

Et je sens que j'arrive à la mer : l'eau prend un goût salé, elle se fait rebelle et des courants m'entraînent dans leur tourbillon. J'arrive à continuer d'avancer en me faufilant, en choisissant bien les courants qui me portent. On dirait que je n'ai fait que ça depuis toujours et pourtant, c'est la première fois que je me risque à suivre la voie de la rivière.


Et les berges s'éloignent l'une de l'autre, jusqu'à disparaître. Serais-je dans la mer ?

Je remonte à la surface pour constater que je suis au milieu de l'eau, il n'y a plus que l'eau partout. J'aperçois encore la terre derrière moi, je peux encore retourner, mais non, c'est décidé, je continue !


      

J'ai sillonné la mer ainsi sans savoir depuis combien de temps j'étais là : pas de besoins, je me nourrissais du voyage, j'étais ivre de cet élément  marin, dont j'avais toujours rêvé et que j'avais dû quitter depuis ma naissance.

C'était voluptueux, infini, je sortais et replongeais sans cesse pour goûter ce plaisir de sentir le glissement de l'eau sur moi et la protection de l'eau.

Et puis, il y avait aussi l'inquiétude : de savoir qu'il faudrait ressortir, et que cet océan n'était peut-être pas aussi sûr que ça : il y avait par moments des bruits, des frayeurs subites, des peurs qui remontaient.

Et je me replongeais dans ce bonheur sans fin, avec délectation.
Et sans m'en rendre compte, je suis revenue petit à petit, j'ai fait le voyage à l'envers pour retourner à ma vie de terrienne.

La peur fut terrible de sortir de l'eau, de retrouver mon corps de chair, lourd et pesant sur la terre, de retrouver ma vie avec toutes ses craintes et ses mesquineries, moi qui avais connu le plus grand bonheur !

Et pourtant, ce fut ainsi, et ce voyage me donna la force de poursuivre ma route, sans plus de peur puisque j'étais revenue de mon état de poisson bienheureux et que je l'avais choisi !

Désormais, j'étais libre.




Publié dans histoire fiction

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